Cher dede,
Je t'ecris d'Amérique latrines.
Au début, on s'est retrouvé au Brésil. Drôle de lieu, des pentes partout, les riches en bas, les pauvres en haut. Comme en Bolivie, à La Paz par exemple. On marche sur la tête quoi. Est ce parce qu'en Bolivie les pieds sont plus près de la tête que chez nous ? Mystère inca...
Au Bresil, on reconnaît le riche pour son goût du barreau. Ne crois pas qu'il y extorque le pauvre en le défendant dans un palais de justice. Non, le riche aime sa prison, des barreaux à toutes ses fenêtres. Le chic du chic, c'est son propre gardien. On joue avec ses sous comme on peut, et certains s'éclatent : camera de surveillance, porte a digicode, barbelés sur le mur, portail électrifié, et l'agence de surveillance privée ! Je ne connais pas assez la ville pour savoir si certains picsous ont des miradors, mais si c'est le cas, ils doivent faire un malheur en soirée avec un telle installation.
Bref, de vrais gamins ! Mais le riche aime le pauvre. Si si. Qu'on ne me dise plus qu'ils s'évitent. J'en veux pour preuve le nombre de pauvres qui entourent le riche. A la cuisine, au fond du garage, devant la porte d'entrée, dans tous les petits recoins de la maison.
Assez de jalousie je dis ! Pourquoi n'y auraient-ils que les pauvres a allez en prison ? Belle nation, le Cristo de Rio peut resserrer ses grands bras e les embrasser tous. Une leçon d'harmonie.
Après le Brésil, on a filé droit en Bolivie. On a payé 3 fois le prix normal du billet de train bolivien dans une agence de voyage brésilienne, mais tu sais le real vaut bien plus. Et puis c'était le nouvel an on nous a dit, et tout était fermé parait-il. On file donc en Bolivie en passant la frontière fermée, sans tampon et toujours grâce aux bons conseils de notre copain Daniel de l'agence. Il n'est pas loin d'avoir sa prison lui !
On avait hâte de pouvoir sortir l'appareil photo du sac. Viva Bolivia !
Je dois te dire Dede qu'après toutes ces épreuves, on avait un peu perdu de notre allant de touriste. Sac à dos collé au ventre, sommeil d'un seul œil dans les bus, l'autre œil en rotation 360 degrés 24/24 façon far breton (ça me manque tu sais le far !), et surtout une horloge interne réglée à 17:00 pour rentrer à l'hôtel avant la nuit.
En Bolivie, on retrouve notre superbe. Sur les hauts plateaux, l'arrivée de notre groupe de passage dans des villages assommés de soleil signe notre grade. L'étiquette de touriste nous rend fier et assuré. Nous retrouvons notre rôle premier. Nous achetons des bracelets a des enfants, petites mains fragiles. Nous achetons non sans scalper le prix , exercice idoine du bon gringo à la peau rougie par le soleil d'altitude, nous jouons au foot avec les enfants dopés aux globules rouges à 4200 mètres d'altitude et à la feuille de coca. A cet âge, vraiment...Nous les laissons naturellement gagner. La vie ne leur laissera rien gagner de toute façon. Nous contentons leur femme, en somme nous sommes la providence.
A bientôt mon Dede.
Bernard, tourista espagnole.